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Nicolas Sarkozy, l’ancien président français risque 7 ans de prison dans l’affaire financement libyen

Mis à jour le 28 mars 2025
Publié le 28/03/2025 à 12:23 , , , , ,

« Un pacte de corruption avec une dictature étrangère », c’est ainsi que le parquet national financier (PNF) résume les accusations qui pèsent sur Nicolas Sarkozy, l’ex-président français aujourd’hui âgé de 70 ans. Et pour ces faits, l’ancien chef d’État risque une peine de sept ans de prison, une amende de 300 000 euros, et surtout une interdiction de ses droits civiques, civils et de famille pendant cinq ans. Autrement dit, il ne pourra plus voter, se présenter à une élection, témoigner en justice ni exercer de fonctions de tutelle.

 

L’affaire remonte à 2007, lorsque Nicolas Sarkozy remporte l’élection présidentielle face à Ségolène Royal.

Ce qui semble aujourd’hui une simple campagne électorale serait, selon l’accusation, en réalité une opération financière obscurcie par le régime de Mouammar Kadhafi.

L’ancien dictateur libyen, renversé en 2011, aurait financé illégalement la campagne du candidat Nicolas Sarkozy.

Des documents récupérés au sein des services libyens mentionnent des virements suspects, envoyés directement vers les comptes associés à la campagne présidentielle de l’ancien chef d’État.

Des témoignages d’anciens collaborateurs de Kadhafi confirment l’existence de liens financiers entre le régime libyen et l’équipe de campagne de l’ancien président français.

Enfin, l’histoire prend une tournure plus énigmatique avec Ziad Takieddine, un homme d’affaires franco-libanais.

Il déclare avoir transporté des valises d’argent liquide entre Tripoli et Paris avant de se rétracter en 2020.

Ce cocktail d’éléments compromettants donne à l’accusation un poids considérable.

Pour elle, ce financement ne serait qu’une pièce d’un pacte secret et corrompu entre la France et la Libye de Kadhafi, aux ramifications bien plus vastes que l’on ne l’imagine.

Ce procès est historique, car il faut le dire, jamais dans l’histoire de la Vᵉ République, un ancien président français n’a été jugé pour corruption internationale.

Il faut rappeler qu’un chef d’État, en exercice ou passé, a toujours bénéficié d’une forme de protection implicite face à la justice.

Mais aujourd’hui, Nicolas Sarkozy fait face à une réalité judiciaire implacable.

L’accusé ne cède pas

Depuis le début du procès, l’ancien président clame son innocence et dénonce un acharnement politique.

Jean-Michel Darrois, l’un des avocats de l’ancien dirigeant, a fait part de « l’indignation » de son client le jeudi 27 mars 2025 sur une radio française.

Pour ce dernier, « depuis le début, le parquet veut faire condamner Nicolas Sarkozy. Il a changé plusieurs fois d’histoires pour essayer de requérir cette accusation ».

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À l’ombre de ce nouveau procès, une autre condamnation pèse déjà sur les épaules de l’ancien locataire de l’Elysée.

En décembre 2024, il est reconnu coupable de corruption et de trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes.

Dans cette affaire, il avait tenté d’obtenir des informations confidentielles d’un magistrat en utilisant des téléphones sous faux noms.

Il avait écopé d’une sentence d’un an de prison ferme, purgé sous bracelet électronique. À l’issue de ce procès, une grande incertitude demeure : Nicolas Sarkozy ira-t-il réellement en prison ?

Selon plusieurs magistrats, si la peine prononcée est inférieure à deux ans de prison ferme, il pourrait purger sa sentence avec un bracelet électronique, comme c’est déjà le cas pour l’affaire des écoutes.

Mais si le tribunal prononce une peine supérieure à deux ans, l’ancien président pourrait être incarcéré, bien qu’il ait la possibilité de demander une libération conditionnelle.

Dans ce cas, Sarkozy deviendrait le premier président français à être incarcéré pour corruption. Le 8 avril 2025, Nicolas Sarkozy aura une dernière chance de se défendre devant le tribunal.

Ce sera son ultime prise de parole

« Je démontrerai mon innocence, ça prendra le temps qu’il faudra », a-t-il récemment déclaré dans un entretien à un média français.

Ce procès représente bien plus qu’un simple combat judiciaire.

Il pourrait être celui qui redéfinit le rôle des politiques français face à la justice, mais aussi changer à jamais l’image de la politique en France.

Le verdict final de cette affaire est attendu pour septembre 2025. D’ici là, Nicolas Sarkozy bénéficie de la présomption d’innocence et n’est pas encore condamné.

Eirena Etté

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